Perdu dans le cirque médiatique du 14 juillet

Samedi 14 juillet, jour de fête.
Un jour de fête nationale synonyme de liberté, d’égalité, de fraternité, que l’on soit en vacances ou non, on se retrouve en famille, entre amis. On s’amuse, on chante on rit, on se promène en attendant le point d’orgue de la soirée : le feu d’artifice.
Puis le temps s’arrête. Twitter s’agite, Facebook frémit, et rien à la télé, rien à la radio, rien sur le fil AFP, rien sur le fil reuters.
L’info comme quoi un camion qui aurait perdu le contrôle ne tient pas longtemps car Périscope surgit avec les premières photos et vidéos plus macabre les unes que les autres .
Enfin un bandeau apparaît sur une chaîne info, puis des prises d’antennes radio, télé … la PQN active ses fils. Combien de temps s’est il passé entre le 1er tweet et le 1er bandeau? Aucune idée le temps s’est arrêté.
Ça y est on est inondé : la télé fait tout pour rattraper le temps perdu (en dénigrant au passage les réseaux sociaux).
Le vrai travail journalistique se met en branle on interview à tout va le tout venant :
“Vous avez vu quelque chose?“
“oui oui un camion blanc a foncé sur la foule”
“non mais on m’a dit que”
“je cours car les autres courent”
“je sais pas ça a tiré dans tout les sens”
On zappe sur toutes les chaînes, portables, ordi sur les genoux. On va même sur la chaîne 525 de la box voir si on parle de Nice à l’étranger ou si il n’y a pas un “petit truc en plus” et pire, si on ne nous cache pas des informations …
Puis on retourne sur nos chaînes favorites. On nous parle ensuite d’une prise d’otage au méridien et au Buffalo grill, du “conducteur fou” qui aurait un complice.
On passe de 10 morts à 30 morts puis à 80 décès d’un claquement de doigts, les images affluent toujours autant. En même temps que la solidarité se met en place avec #PortesOuvertesNice, Snapchat ouvre sa story.
Certains sont prêts à veiller toute la nuit pour attendre le nom du terroriste, peut être ont ils vu sur France2 cette formidable interview d’un homme assis, le corps de son épouse à ses côtés “Bonsoir Monsieur, vous venez de perdre votre épouse. Une réaction ?” On parle bien de France 2, le service public … Les excuses viendront mais bien trop tard, quand bien même elles seraient venu plus tôt, le mal était fait.
Les experts donnent des leçons, le chemin du camion est simulé minute par minute, on propose d’armer les policiers de lance-roquettes … L’afflux d’info donne le tempo, tantôt Largo, tantôt presto.

Au milieu de tout ça je ne peux que compatir et envoyer mes pensées les plus émues aux personnes touchées : à ces enfants qui ont perdu un parent, à ces parents qui ont perdu un enfant, à ces frères et sœurs touchés, à leurs  voisins, amis.
Je coupe la télé, la radio, les réseaux sociaux, je reviendrais aux nouvelles dans une heure.
Je sors, respire l’air, prends ma fille par la main … Je vis. Un frisson parcours mon corps en pensant à ces 84 personnes qui ne pourront plus vivre un moment comme celui là.

Perdu dans le cirque médiatique du 14 juillet

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