Les algorithmes seuls coupables?

Vous n’y avez pas échappé, depuis l’élection de Donald Trump, les fameux algorithmes ( Google et Facebook en tête de liste) sont montrés du doigt comme ayant fait gagner le candidat Républicain à la Maison Blanche. Avant lui, ils étaient coupables du Brexit et de nous imposer une vision partielle et partiale de l’information. Mais est ce que l’on ne subirait pas (aussi), tout simplement, le résultat de nos propres pratique ?

La tête dans la bulle

La bulle informative (aussi appelée bulle de filtre plus récemment) désigne l’état dans lequel se trouve un internaute lorsque les informations auxquelles il accède sont le résultat d’une personnalisation mise en place à son insu selon 3 critères :

  • Les informations laissées sur internet : en faisant le choix de “cliquer” ou non sur un article et de le partager.
  • ​L’homophilie, (ou tendance à s’associer avec des personnes qui nous ressemblent) qui joue sur l’homogénéisation des contenus présentés.
  • L’algorithme qui reprend les deux critères précédents et qui prend aussi en compte le nombre et les horaires de visites, le temps passé sur un article …

Le terme de « bulle de filtre » renvoie donc à l’isolement produit par ce mécanisme : chaque internaute accède à une version différente du web, il reste dans une « bulle » unique et optimisée pour lui. Plus un internaute interagit avec une publication en phase avec ses convictions, plus l’algorithme de suggestion du réseau social ou du site lui proposera des contenus similaires.

Alors comment « lutter » et ne pas s’enfermer dans cette état?

1- Diversifier au maximum les sources d’informations. Peu importe les opinions politiques, la diversification des sources est importante : lire des articles allant de Libération au Figaro suppose une approche différenciée en fonction des lignes éditoriales, mais permet d’avoir une vision plus globale et plus nuancée de l’information. Il est toujours bon d’avoir 2 ou 3 points de vue même si certains ne sont pas en accord avec nos convictions.

2- Diversifier ses lectures. Il s’agit ici de lire et s’abonner à des sites (ou lire des articles) qui sortent du cadre des informations internationales, nationales, politiques : vous êtes passionné de musique, de photo, de loisirs créatifs? Lisez, abonnez vous… Cela permet d’aérer le fil d’actualité et d’avoir une diversité de contenu. Variez aussi les moteurs de recherche. Voici une petite liste de moteurs de recherche à tester.

3- Attention à ce que vous lisez. Entre les sites humoristiques, les sites de buzz (terme souvent utilisé dans les noms), les sites complotistes, difficile de faire un tri. Pour vous aider il existe cet outil : C’est quoi ce site? Soyez sûr de l’origine de vos lectures.

4- Lire les a côtés de l’article : la source ( l’URL) est elle fiable (cf-ci-dessus)? De quand date l’article, est il toujours d’actualité?, la photo est elle source d’information (est elle créditée, fiable ou d’illustration achetée sur un microstock)? Si vous avez un doute, ne partagez pas. Le partage contribue au calcul de l’algorithme.

A noter que certains experts préconisent de vider les caches, cookies, historique à chaque déconnexion.

Même en utilisant les techniques énoncés ci-dessus, les algorithmes continueront à vous proposer, suggérer, des contenus … c’est tout simplement leur rôle. Nous recherchons tous, de manière consciente ou inconsciente, un contenu personnalisé. A chacun de voir comment il s’approprie l’information.

 Eli Pariser nous met en garde contre « les bulles de filtres » en ligne

Enfermé dans sa chambre

Il serait trop simple de se focaliser, que, sur les contenus. Comme expliqué plus haut l’homophilie influence l’enfermement dans la bulle de filtre par l’intermédiaire des publications partagées, des commentaires ou des échanges avec ces contacts/amis/suiveurs. La notion de chambre d’écho y contribue largement : une personne, un site fait une déclaration (rumeur, mensonge …), qui va être reprise par d’autres personnes de son réseau qui ont des points de vue et des sensibilités similaires. Cette déclaration va être répétée, réinterprétée, reprise de manière exagérée ou déformée. jusqu’à ce qu’un grand nombre de personnes considère ces variations comme étant véridiques, tandis que les opinions dissidentes sont censurées et/ou ignorées. La plupart des environnements de la chambre d’écho reposent sur ​​l’endoctrinement et la propagande afin de diffuser l’information, subtilement ou non, dans l’objectif de piéger ceux qui sont “coincés dans la chambre” et de les empêcher d’avoir les capacités de réflexion sceptiques nécessaires pour discréditer la désinformation évidente. Les sites complotistes, par exemple, sont experts en la matière.

Au sein des réseaux sociaux, l’algorithme nous suggère des relations en s’appuyant sur nos relations déjà existantes pour nous en suggérer d’autres. Il convient donc de se poser la question de l’hétérogénéité de notre réseau. Et cela nous interroge sur nos propres pratiques : l’homogénéité et la similarité sont souvent les premières raisons de notre mise en relation. Au lieu de l’ouverture sociale promise par les différentes plate-formes nous nous confortons (et complaisons), au contraire, dans le microcosme dont on fait parti. Doit on bannir les opinions dissidentes aux nôtres? Peut être que le retour aux débats constructifs, aux échanges, à l’acceptation des opinions différentes permettrait une ouverture vers l’autre et de sortir de sa chambre.

« Un algorithme n’est pas encore intelligent. il ne va pas chercher à savoir si le sujet est vrai ou faux. Un algorithme n’a pas d’esprit, tout est binaire, c’est zéro ou c’est un ». Jérôme Marin (journaliste correspondant à San Francisco pour Le Monde, L’Echo et Le Temps.)

En étant des consom’acteurs de l’information, des réseaux sociaux et non pas de simples consommateurs, il sera toujours possible de percer la bulle de filtre, varier les contenus apportés par les logarithmes. En restant passif en revanche …

 

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